jeudi 13 décembre 2012

Tape-cul et parc Hustai

3 août 2012

Ca fait tout drôle en se levant de ne rejoindre que des français à table.

Journée en voiture pour rejoindre Hustai, parc national où on été réintroduits des chevaux de Przewalski. On rejoint la route du 1er jour, dans l'autre sens, toujours aussi tape-cul. C'est marrant de voir ce qu'on a vu au tout début et qu'on ne voit plus pareil. Je repense à Ash qui nous avait dit que c'était de plus en plus beau. C'est vrai que la vallée est bien plus jolie. Les vastes plaines vertes font place à des étendues plus désertiques. Nous nous arrêtons à Khogno Khan pour manger, des mongols nous tombent dessus pour nous vendre un tour de dromadaire. Là comme ça, avec cette chaleur insupportable, ça me fait tout sauf rêver.

L'ambiance dans la voiture est pesante. On ne monte plus à cheval donc le séjour est fini pour certains. Cette mentalité me dérange et me fait me sentir prête pour partir tout seule.

Arrivée au parc Hustai. Les chevaux de Przewalski, sauvages, passent leurs journées dans les montagnes et redescendant en fin d'après-midi. On espère en voir mais on est sûrs de rien, d'autant que le parc est immense. Une marmotte qui se cavale, des sortes de criquets qui nous sautent dessus, des traces de sabots, mais toujours pas de chevaux. On en aperçoit enfin un, il descend au trot, s'avance et vient jusque très près de nous. A une vingtaine de mètres. Il est rejoint par trois autres. De vrais petits chevaux de peintures rupestres. Ca c'est de la chance ! 


Dernier campement à installer à la lisière du parc. La nostalgie, déjà là, se repointe. Je crois qu'on est devenues imbattables en alignement non prémédité de tentes.















On se dit dernier banc nocturne. Même plus on va loin, là on pisse en ligne, devant les tentes, 1...2...3 histoire d'être synchro. Papotage au clair de lune accompagné de nos fous rires habituels.

Voilà ce qu'on s'est dit: la Mongolie, c'était un rêve, on l'a réalisé.


mercredi 12 décembre 2012

Dernier jour sur mon petit cheval mongol

2 août 2012

Me voilà prête pour mon dernier jour à cheval. Enfin... prête, habillée quoi. Parce que c'est un sentiment très étrange. Et bien que je n'aie pensé qu'au moment présent pendant ces jours en Mongolie, je ne peux empêcher le pincement au coeur en me disant que c'est le dernier matin où je prépare mon petit bai pour une journée "de nouvelles aventures".
Il fait déjà très chaud.

L'allure est rapide, on fait deux bons galops ce matin. Dembe toujours là. Comme c'est devenu une habitude, on chante la chanson qu'il nous a apprise avant chaque départ au galop. Je savoure. A nouveau la steppe sans fin, à nouveau cette liberté incroyable, à croire que rien ne peut m'arrêter, même pas le temps qui file et qui me forcera bien à descendre.
On croise un nomade avec qui on fera un bout de route. Des fourmis volantes coriaces aussi. On est envahis.

C'est insupportable, elles sont des dizaines à nous tourner autour, à se poser, à ne pas bouger lorsqu'on cherche à les virer. Pire encore, elles se cavalent sous mon t-shirt. C'est atroce !




On laisse notre ami en route qui amène des chevaux pour un raid et continuons seuls. Je suis devant pour trotter, même pas peur d'une embardée ! Il m'aura quand même fallu 10 jours pour avoir totalement confiance en mon petit cheval. On s'accorde vraiment bien tous les deux aujourd'hui.
On quitte la terre ferme pour s'aventurer sur de la moquette flottante. Un sol détrempé si bien que les plaques d'herbe bougent lorsqu'on marche dessus. Passage d'une rivière où mon petit bai a moins pied que les autres et où mes chaussures font du sous l'eau. Je tiens à dire que je suis super contente de mes chaussures, parce que mes pieds sont restés au sec.



On croise des yourtes, des poulains attachés pour la traite de leurs mamans, un immense troupeau de chèvres. Les nomades se moquent en m'appelant "mè", Boldo dit qu'il faut trouver ma jumelle. Ash appelle "Anaïs", une grande chèvre noire se retourne et nous regarde. Me voilà !
On s'enfonce dans un bras de plaine pour 10mn de galop avant de rejoindre le camp de midi. Les plaines sont des terrains de jeu. Mon petit cheval est plutôt claqué, il galope tranquille avec les derniers et les tchou n'y feront rien. Quand j'arrive, Dembe et Boldo rigolent parce que je suis arrivée 3ème en partant de la fin, c'est vrai que ce n'était pas dans nos habitudes d'être dans le peloton de queue. Tant pis, on prend notre temps, c'est ça aussi la Mongolie. 
On revient sur nos pas, je suis devant à faire la guide au petit trot. Quelle classe !
Ce matin, les nomades insistent beaucoup pour qu'avec les filles on vienne auprès d'eux à cheval, ce qu'on fait habituellement et naturellement. Mais là, Boldo me prend la main, me dit au revoir, je lui dis non, demain, on a encore la soirée à passer avec eux. 

A midi, les deux camions sont de l'autre côté de la rivière mais c'est trop profond pour qu'on puisse les rejoindre. Ils trouvent un passage à gué et viennent jusqu'à nous. Ca passe mais on se demande comment. En descendant de cheval, je me rend compte que mes genoux sont rouillés. Je les ressens enfin les 10 jours à cheval. Autre chose me frappe: la chaleur ! Il fait horriblement chaud, on s'agglutine près du camion pour avoir un minuscule coin d'ombre, les bouteilles d'eau descendent à toute vitesse.
Il y a des pierres cervides, qui marquent les tombeaux, mais je suis trop fatiguée pour aller les voir. Petite sieste la tête sous la fourgonnette avant de repartir pour 2h qui me semblent bien rapides. On s'arrête au coude que forment l'Orkhon et la Selenga.

Quand on descend de cheval, je ne pense pas que c'était pour de bon. Je dis à Ash que si j'avais su, j'aurais attendu un peu et serais descendue différemment. Il glisse un mot aux nomades et on remonte pour un dernier aller-retour de galop. On y va plein pot. Mon petit cheval des steppes a retrouvé toute sa pêche. Retour à fond de cale avec Dembe à mes côtés. Je me répète, mais ces moments sont magiques, on a juste à filer, insouciants, libres.
En mettant pied à terre, on apprend que les nomades repartent. "Quand ?" "D'ici 15mn". Ces mots me frappent de plein fouet, je me les prends dans la gueule. Ash m'explique que les chevaux de Dembe n'ont pas été vus depuis quatre jours, que chaque jour en plus est une distance plus longue à parcourir pour tenter de les retrouver. Je trouve la réalité un peu trop brutale. Je suis pleine de colère. C'est vrai qu'ils ont beaucoup téléphoné hier, ils savaient forcément qu'ils ne pourraient pas rester pour la soirée. Et Ash ne nous a rien dit. Je comprends mieux les bayartla de ce matin. Les larmes me montent aux yeux et j'ai une boule dans la gorge quand je m’assieds pour grignoter des cacahuètes. Les 10 jours forts qu'on a passé auprès d'eux méritent mieux qu'un au revoir comme ça. Je crois que Dembe l'a remarqué. Il sort son deel, prend le chapeau d'Ash et "Anis". Il m'habille et me propose de faire une photo à cheval. Mon petit bai est attaché et entravé donc je monte sur un autre, c'est dommage, mais c'est une jolie intention. Boldo me donne une mèche de crins de ce petit cheval qui m'aura portée toute cette aventure. Dernière photo de groupe. C'est l'heure de se dire au revoir.


Bagi arrive en pleurant. Quel homme ce Bagi, touché, touchant. On s'effondre d'un coup. Dembe nous fait une bise, j'ajoute une accolade. On ne dit jamais au revoir comme on le voudrait, je ne voulais pas d'un bête au revoir. Avec Marie-Astrid, Céline et Jeanne, on s'était dit qu'on leur chanterait la chanson des éleveurs à leur départ, que ça serait un joli clin d'oeil, et on était fières de leur montrer comme on la connaissait bien maintenant. On démarre mais pas bien en rythme, Dembe nous accompagne mais on pleure tellement qu'on n'arrive pas à chanter.
On attend de les voir partir pour de bon. Les yeux toujours pleins de larmes. Avant de monter à cheval, Dembe revient vers moi et me redit au revoir. Pas aux autres. Je suis incroyablement touchée par son geste.
Ils s'éloignent. C'est la magie des rencontres, elles se vivent dans l'instant et ce côté éphémère les rend peut-être plus belles. Mais je n'aime pas voir les gens partir. Et ces nomades, qu'à moins de revenir, je ne reverrais probablement jamais, non plus.



On monte sur la colline face au camp. J'ai envie de voir une dernière fois cette immensité. Et le soleil se couche en plus, ça promet d'être beau.

 

Pendant le repas j'ai le regard dans le vide, je suis triste. "Tu peux revenir quand tu veux. Ils seront toujours là". Je sais bien, mais là maintenant ils ne le sont pas, et ça fait tout drôle après ces journées de rires. J'espère ne jamais oublier leurs rires. Je repense à la première soirée timide en leur compagnie, comme ça me semble loin.



mardi 11 décembre 2012

Un bain de souffre

1er août 2012

On galope beaucoup ce matin, Dembe est à côté de moi tout le long. Il s'assure que tout va bien, c'est adorable. Mon petit cheval se tient nickel, posé. Le rythme du trek se fait ressentir, il est sûrement un peu fatigué lui aussi. En tout cas, sa chute semble derrière lui.
Passage par chez Boldo et Dembe, on s'arrête peu de temps. La chatte que nous avions croisée chez eux le jour du dépeçage du bouc a mis bas. Un seul des petits est vivant mais ne semble pas bien en forme. On passe un moment à essayer de le faire têter, en se disant que c'est inutile, s'il ne le fait pas tout seul il ne survivra pas. C'est difficile pour moi, de laisser faire la nature.
On se remet en route. Chez nous les vaches regardent passer les trains, ici les yacks observent les cavaliers.




On passe un mini gué au galop, je suis derrière Boldo, son cheval m'envoie le pâté de boue qu'il avait sous les sabots. J'en ai partout ! C'est bon pour la peau non ? Les nomades se moquent de moi.
On arrive peu de temps après à un endroit le long de la rivière, super joli, une petite colline, deux trois arbres perchés, le soleil éclaire le vert de l'herbe et la fait paraître un tapis tout doux: on se croirait dans la Comté ! On établit le camp ici.

Après manger, direction les sources chaudes. Le temps se gâte, des nuages noirs apparaissent en moins de 2. On marchera sous la pluie et dans le vent pendant 1h30. Le terrain est trempé, les chevaux glissent, mais la bonne humeur est toujours là. Les forêts de pins nous entourent, le chemin sent la coriandre.
En arrivant, surprise ! Je m'attendais à des bassins en extérieur, en pierre... Eh non ! Des baignoires dans un chalet en construction et une trempette de 20mn dans une eau riche en souffre. Ca sent la future exploitation touristique qui n'a rien de mongol. Quoi qu'il en soit, une eau brûlante, un vrai bain, un vrai shampooing, je prends. Et pour le cadre, tant pis, j'en prends déjà plein les yeux tout le temps.
On revient au camp vannées mais propres et bien. J'ai malgré tout un petit noeud dans le haut du dos que la chaleur n'a pas fait disparaître.
Séance massage par Bagi. Il repère mon noeud, s'y attarde avant de me prendre le visage dans les mains et de me demander de quel côté je suis tombée. J'ai le droit à une sorte de magnétisme, il m'explique qu'il veut soulager les tensions et rééquilibrer les points au niveau de mon visage. Je suis bluffée par son ressenti.

Avant de dîner, on décide de passer par la ville voisine avec les nomades qui vont régler un souci chez la famille de Telma, le jeune yackier. Voyage remuant ! La ville semble sortir de nulle part, des routes en terre, des hautes palissades de bois, des constructions. C'est marrant, la maison est aménagée comme une yourte.
On passe acheter de la vodka pour ce soir. Le trajet du retour n'est pas plus reposant qu'à l'aller. Elles passent partout ces petites fourgonnettes russes !

On est toutes crevées mais on fait un effort pour rester après manger. Finalement, ça n'est plus un effort, la soirée est très très sympa. On est entre nous, on chante (des refrains, parce qu'on ne connaît toujours pas de chansons entières), on boit de la vodka qui revient encore plus vite que d'habitude. Bagi me masse à nouveau.
Tout le monde va se coucher sauf Jeanne et moi qui restons avec Dembe et Boldo. On a soudainement toutes les deux envie d'un banc ! On ne marche pas très droit jusque derrière la camionnette, Dembe va chercher quelque chose pas loin des tentes et nous croise le cul en l'air. Fou rire toutes les deux. On reste comme ça un moment, à se dire qu'on est bien. Il en faut peu pour être heureux, n'est-ce pas !
Retour à table où Boldo et Dembe nous prête leurs deels. J'enfile celui de Dembe, je n'avais jamais vu qu'il en avait un. Il a l'air très joli d'ailleurs. Et je n'ai plus froid. On reste encore un peu puis on file se coucher. A ce moment là, on ne sait pas encore que c'était notre dernière soirée avec eux.























vendredi 30 novembre 2012

"Elle descend de la montagne à cheval" (bis)

31 juillet 2012



Tout est embrumé ce matin, c'est magnifique.
Et il me manque une chaussure au réveil ! Boldo et Dembe l'ont piquée hier soir, après que je sois allée dormir. Toujours une blague en stock !
Aujourd'hui on plie bagage. C'est la fin de notre vadrouille dans le parc Naiman Nuur, on retourne dans la vallée. On reprend nos habitudes de démonter le camp avant de nous mettre en route. Ils étaient agréables ces matins où seul le petit-déj précédait le cheval. D'ailleurs, c'est la première fois qu'on nous invite à prendre un petit-déjeuner consistant. Apparemment on va avoir une matinée chargée.
Je repense à la route pour monter jusqu'ici, à quel point elle était déjà trempée et glissante, à la grêle qu'il y a eu hier. Je n'ose pas imaginer la descente. Descendre c'est toujours pire que monter. Heureusement, on n'emprunte pas le même chemin, les pentes sont moins raides mais on passe tout de même quelques heures penchés en arrière, plein les cuisses et plein les genoux.
Une fois en bas, on s'installe pour manger. Je n'ai déjà rien pu avaler ce matin, pareil ce midi. Je pense que j'ai l'estomac secoué de ma chute hier. On repart, de nouveau dans les steppes, on va pouvoir regaloper, et on en a tous envie. C'était sans compter sur ma tête qui commence à tourner dès le trot. J'ai l'impression d'être en guimauve et suis nauséeuse. Je n'ai pas envie d'emmerder mon monde, mais je ne veux pas risquer une nouvelle chute. Anne me donne de quoi passer le mal de coeur et je laisse tout le monde repartir tandis que je continuerai au pas avec Ash, en suivant le chemin des yacks, le temps que je retrouve mes esprits. Discussions agréables, il me parle de la boîte de tourisme qu'il monte, des saisons en Mongolie, de sa vie à Paris, de sa relation amoureuse... On se balade parmi les fleurs et quelques arbres, c'est bucolique ! 
En débouchant dans la steppe, on aperçoit Dembe qui vient à notre rencontre à moto. Ils sont arrivés chez les yackiers et il vient voir si je vais bien et s'il y a besoin de me conduire là-bas. Comme il a fait le chemin pour venir jusqu'à nous, je demande à Ash si ça ne le dérange pas que je rentre avec Dembe. Encore une fois, en arrivant aux yourtes, je suis l'attraction ! Mais tout va mieux. 


Dans la soirée, on joue au volley, au béret, beaucoup de fous rires. Boldo et Dembe veulent nous refaire boire ! La nuit tombée, ils nous emmènent à moto chez des voisins plus éloignés que d'habitude. C'est l'occasion de courses, de traversées de rivière mal négociées, de "woohoo", de rires encore. La redescente sur terre est assez brutale quand on entre -du pied droit, plus besoin d'y faire attention- dans la yourte de la famille du plus jeune des yackiers. Pas de sol, l'herbe sous nos pieds, peu de meubles, pas d'électricité. Je me sens gênée de venir boire chez eux. C'est fou, ces gens n'ont rien et t'offrent tout. Une grande leçon d'humanité, à l'image de tout le séjour. L'hospitalité, la générosité et la prévenance des mongols sont exemplaires. J'ai même le droit à une potion magique ! Je tousse un peu, mal à la gorge que j'ai dû chopper avec cette baignade (quelle brillante idée ce fut !), la femme m'offre donc un bol d'une mixture à base de yack vodka et d'une espèce de gras conservé dans la panse d'un bouc. Une mare jaune et huileuse flotte à la surface de mon bol. Ca fait froid dans le dos. Allez ! J'avale ça, c'est immonde, j'ai l'impression de boire de l'huile. L'alcool a le mérite d'anesthésier ma gorge et l'huile de déposer comme une barrière protectrice (on se croirait dans une pub...). Je sens déjà que ma gorge s'adoucit. On ne traine pas trop, on sent que Dembe et Boldo ne veulent pas non plus abuser de la gentillesse de cette famille qui a déjà été plus que merveilleuse.
Retour à moto. Paraît qu'on nous entendait rire du camp.


























A nouveau, les mésaventures de la journée me semblent bien loin.


Lac de Shireet

30 juillet 2012

 

Ce matin, traite des yacks chez nos voisins avant le petit-déjeuner. C'est compliqué d'aller vite ! Les yacks sont des bestioles étranges. Je m'attendais à un cri ressemblant au meuglement des vaches, finalement, ça s'apparente plus au grognement d'un cochon.
Le soleil est super agréable, tout est ensoleillé et ça change tout le paysage.

 

Une fois à cheval, on rabat le troupeau de yacks vers un autre pâturage en poursuivant notre route pour le lac de Shireet. Encore un peu plus haut dans la montagne, des montées raides, puis un petit bout de clairière. Dembe nous cueille des fleurs, nous fait goûter de la ciboulette sauvage. Il tape sur ma bombe aussi, se moque de la grosse tête que ça me fait !
La descente vers le lac est raide et trop glissante, on met pieds à terre. Pas facile de partager l'étroit chemin avec un cheval qui glisse et ne pense pas à la place qu'il te laisse. On arrive en bas, sur les berges du lac, c'est magnifique. Et en plus il fait beau. On essaie de pêcher du poisson pour ce midi mais en vain, encore une fois. Je vais finir par penser que les mongols sont doués pour tout sauf la pêche !





 On profite du beau temps pour aller se baigner. l'eau est méga fraîche, mais se baigner à plus de 2400m d'altitude: fait. Et séchage dans les dels gentiment prêtés pour pouvoir remettre nos fringues sans les tremper.



L'après-midi = retour au camp par un autre chemin. Et surtout, l'après-midi = grosse frayeur.
En remontant à cheval, je ne me sens pas bien, j'ai le ventre en vrac, peut-être dû à la baignade un peu trop fraîche. Tout le monde plaisante, comme d'habitude, se lance des pommes de pin... Mais moi je ne suis pas dans le coup, j'ai la tête qui tourne un peu. Je prends sur moi et espère que ça passera vite parce que c'est le genre d'état où tu n'as pas envie d'être à cheval.
Le ciel se couvre, de gros nuages sombres font leur apparition, on va donc rentrer au trot pour arriver au campement avant que l'orage n'éclate. Mon cheval a de petites foulées et commence à se faire distancer par le peloton de tête. Je sens qu'il n'aime pas ça et veut rattraper, seulement l'herbe est grasse, le terrain meuble, je le retiens, me cale à la vitesse d'Anne et Ash. Tout va bien, c'est plutôt marrant de courir contre le temps, j'oublie même que j'ai mal à la tête. Tout va bien, jusqu'à ce qu'une furie me dépasse au galop en criant "tchou", nous frôlant et nous prenant par surprise mon petit cheval et moi. Ni une, ni deux, mon petit bai, partagé entre "je ne veux pas la laisser passer et je compte bien arriver avant elle" et la peur d'avoir été dépassé si subitement, s'emballe. Je ressens chez lui (et peut-être chez moi aussi) la même panique que le premier jour, lors de notre folle embardée. Sauf que cette fois-ci, nous galopons sur du gruyère. Et ce qui devait arriver arriva. Il se coince l'antérieur dans un trou, on est stoppés en pleine vitesse, je vois le sol se rapprocher tandis que j'essaie de toutes mes forces de me maintenir en arrière. Tout se passe très vite et en même temps j'ai le temps de voir toute la scène au ralenti, le temps de revoir d'Ash dire le premier soir, en attendant les nomades, qu'il y avait toujours une chute lors d'un trek, et de me dire "bon, ben ça sera moi la chute". Et comme si le temps devait récupérer son retard, tout s'accélère et je heurte le sol, à plat ventre. Avec l'élan, mon cheval bascule et me roule dessus. Le temps s'allonge à nouveau, et la roulade de mon petit bai me semble une éternité. J'ai le souffle coupé, sens chaque point de contact avec les 250kg qui me passent dessus en me demandant quand ça sera terminé. Mon cheval se relève, moi aussi. Ash descend de cheval, vient me voir, vérifie que tout va bien. Tout va bien. Je n'ai mal nul part, je ne suis pas sonnée, j'ai juste l'envie de pleurer, due au choc, que connaissent tous ceux qui se sont pris une énorme gamelle. Dembe rattrape mon cheval, il va bien lui aussi. Ash me demande de m'asseoir le temps de récupérer un peu, les autres vont rattraper le groupe de tête qui n'est pas au courant de l'incident et je retournerai tranquillement avec Ash et Dembe jusqu'au camp. Dembe prend mes rênes et me balade. Ils sont tous les deux soucieux et Ash est furieux contre la cavalière qui nous a doublés alors qu'il était interdit de le faire et qu'on devait garder le trot. Il ajoute qu'il a vu toute la chute, que c'est la croupe de mon cheval qui m'est passée dessus, que j'ai eu énormément de chance, si c'était la selle, avec les arceaux en métal, j'aurais été cassée de partout. Merci à ma bonne étoile !
Arrivés au camp, je suis l'attraction, Boldo est très inquiet, tout le monde l'est, sauf la furie qui ne se sent pas responsable et ose me dire "tu m'as vraiment fait peur". A ce moment, j'ai envie de la tuer. Pour me réconforter, j'ai le droit à un verre de vodka à boire cul sec. Paraît que c'est le meilleur remède ! 
On n'a pas le temps de grand chose que des grêlons commencent à tomber. Avec Céline, Jeanne et Marie-Astrid, on se réfugie sous la grande tente martelée par des billes de glace énormes. On y restera 20mn. 20mn pendant lesquelles le contre-coup me prend et me donne terriblement sommeil.


Je vais m'allonger une petite heure. A mon réveil, on me propose d'aller faire un tour chez les voisins. Je monte derrière Boldo, à cru, sur mon petit cheval. J'avoue que j'aurais pas aimé être toute seule dessus.
On passe la soirée à notre camp, autour du feu. La yack vodka et les chants sont encore de la partie. Et bizarrement, la vodka passe de mieux en mieux, à croire que je deviens alcoolique. On fait aussi quelques jeux sympa. 
Francis est impressionné par ma force de caractère, remise si vite de ma chute, puis également par mon calme le premier jour. Comme je lui ai dit, ce n'est pas ma première chute, ni la dernière. C'est cependant la plus belle.
Quand je repense à ce matin, à la traite des yacks, j'ai l'impression d'avoir vécu mille journées.

mercredi 28 novembre 2012

Naiman Nuur: les huit lacs

29 juillet 2012

Direction les huit lacs aujourd'hui. Les nomades et les "yackiers" se chargent d'empaqueter et d’arnacher les yacks de bât qui nous accompagneront pendant ces trois jours. Ash nous a demandé de seller, résultat on ne peut pas aider et on patiente pendant une éternité. Le chargement est impressionnant.

On crapahute dans la montagne glissante et rocailleuse, les yacks nous précédent, lents et pas très disciplinés.
En sortant des mélèzes, le ciel est chargé. Il paraît que le temps est toujours couvert par ici. Les montées et la forêt laissent place aux descentes et aux marécages.



 

























Les hautes herbes, grasses et fluo, cachent une eau mine de rien assez profonde. Mon cheval n'est pas plus à l'aise dans les marais que dans la montagne. Bizarrement, là, il n'aime pas être en tête.

Arrivée au premier des huit lacs. Ca sera notre campement pour les trois prochains jours puisque les sorties se feront en étoile (retour au camp chaque soir). Installation, déjeuner, tas de merde avec Dembe et Boldo qui joue n'importe comment et tape quand tout le monde s'y met !

On décide ensuite avec Jeanne, Céline et Marie-Astrid de profiter du lac pour faire un shampooing. Le bord du lac est tellement vaseux qu'on décide de faire une chaîne pour se passer un bol-bassine en tissu dans lequel on trempera nos cheveux. De l'eau glacée, une bolinette, un échantillon de shampooing pour quatre et du plancton = un lavage un peu douteux mais qui fait tout de même du bien. Et beaucoup de fous rires aussi !

Sieste digestive, l'établissement du camp était l'étape importante de la journée, du coup on prend vraiment notre temps. On profite de l'après-midi pour une petite balade aux alentours, voir quelques-uns des autres lacs, rendre visite aux voisins.
Retour au camp, planqués derrière une tente à jouer au tas de merde version mongole (un signe à faire au lieu de taper sur le tas), des gages et de la yack vodka que Boldo nous dit corsée. Imaginez ! Encore une belle tranche de fous rires.
Nous passerons la soirée chez les voisins.


dimanche 30 septembre 2012

Chutes de l'Orkhon et direction Naiman Nuur

28 juillet 2012

Boldo, Dembe et leurs familles n'habitent pas loin des chutes de l'Orkhon. En une petite heure à cheval nous y sommes. L'endroit est très joli quoi qu'un peu trop touristique. C'est la première fois depuis longtemps que je vois autant de monde. Principalement des mongols d'ailleurs, qui découvrent le tourisme et visitent leur pays.
Il fait chaud encore ce matin, et la proximité de l'eau et les berges bordées d'arbres sont un bonheur !



































Je vais me baigner les pieds et me tremper la tête. Ca fait un bien fou !










On s'arrête à midi chez des amis de Boldo et Dembe. Ils élèvent des yacks et nous en prêteront pour le bât lors de notre parcours de trois jours dans la région de Naiman Nuur, les Huit lacs. 


Lorsqu'on arrive, on a perdu Bagi ! Les camionnettes ne sont pas encore arrivées et l'attente nous fait nous inquiéter. Dembe me propose d'aller faire un tour en moto jusqu'aux prochaines yourtes voir s'ils ne se sont pas trompés d'endroit. Dembe est un petit gabarit, j'ai l'impression d'être derrière un gosse ! On aura pas trouvé Bagi, mais le petit tour à moto dans la steppe aura été bien sympathique.
Boldo part à sa recherche de l'autre côté de la vallée. Toujours pas de Bagi.
On s'occupe en l'attendant. Dembe me défie au bras de fer. Inutile de préciser que je me suis faite éclater. Il m'apprend aussi un jeu, se rapprochant de pierre-papier-ciseaux, où chaque doigt bat le suivant (le pouce bat l'index, l'index bat le majeur, ...) et où le premier arrivé à 3 points donne une pichenette sur le front de l'autre. Les pichenettes mongoles font mal !


Finalement, Bagi arrive, en entier, sans souci. On mange rapidement et on se met en route pour la région des Huit lacs. En se rapprochant de Naiman Nuur, on se rapproche de la montagne, des petites forêts de pins et de mélèzes se font plus nombreuses, des fleurs de toutes les couleurs se mêlent aux herbes. On sait aussi que la montagne pointant son nez, les galops qui nous attendent seront les derniers avant notre retour en plaine dans trois jours. Je savoure ces instants. Des pointes de vitesse à 37km/h, sur des chevaux de cette taille, c'est impressionnant et euphorisant.

On installe le camp à l'orée de la forêt s'étendant sur la montagne. Je monte ma tente en vitesse et m'y réfugie le temps d'un orage. Lorsque je ressors, il y a à nouveau ce contraste entre le gris sombre du ciel et la fluorescence du vert des arbres. Malgré le ciel chargé, c'est un décor apaisant. Un arc-en-ciel, double, s'invite parmi nous.























C'est l'heure de l'airag. Je ne suis toujours pas une fan, mais je bois ça sans aucun problème maintenant. On s'amuse avec le lasso, Boldo et Dembe essaient de nous attraper puis après c'est notre tour. Désastreux ! On leur dit qu'on préfèrerait jouer à la corde, là on serait plus à notre avantage. C'est parti ! Je vous ai déjà dit qu'on s'amusait d'un rien ?




Viennent après les concours de pompes. Je me surpasse et en fais 10. C'est un exploit pour mes pauvres petits muscles.

Les yacks arrivent, le chargement est impressionnant.
On en profite avec Jeanne pour faire un petit tour à dos de ces bestioles bizarrement foutues.

La soirée a lieu autour du feu. Avec des chants. Encore une fois, la beauté de leurs mélodies nous impressionne. On chante "Le lion est mort ce soir", Dembe qui aime beaucoup chanter participe pour les choeurs. Boldo nous prête son deel parce qu'on a froid. Toujours plein d'attention.
C'est encore une soirée pleine de complicité, les uns serrés contre les autres, présents dans l'instant. On ne pense pas à notre journée, pas à ce qui nous attend, on profite juste du moment. On est bien, c'est tout ce qu'on sait et tout ce qu'on a besoin de savoir.

Après cette journée à nouveau riche en partage et moments délicieusement simples, je vais me coucher. Fatiguée mais sereine.